École rurale sous la fin de l'Ancien Régime

Pendant la majeure partie du XIXe siècle, l’enseignement français s’en remet pour l’essentiel à des modèles pédagogiques très anciens, légués par la contre-Réforme. Le rôle nouveau de l’État, quand il se manifeste, ne doit pas nous abuser : qu’il s’agisse de la discipline des écoles, des objectifs de l’enseignement, de ses contenus et de ses valeurs, qu’il s’agisse des écoles du peuple ou des établissements de la bourgeoisie, partout prévaut le désir de mettre un terme aux expériences réformatrices du siècle précédent.

Cela dit, en profondeur d’irréversibles changements s’opèrent. L’alphabétisation connaît une progression remarquable. Malgré leur isolement, leur indigence et la surveillance soupçonneuse dont ils sont l'objet, les maîtres d’école finissent par constituer un milieu, qu’unifie peu à peu l’enseignement des écoles normales. Enfin la figure du professeur échappe définitivement au modèle clérical et ressortit désormais à la société bourgeoise et, plus précisément, au monde prestigieux des fonctionnaires. Se mettent ainsi en place, sous un épais conformisme, un certain nombre de rouages sociaux et culturels qui faciliteront la révolution scolaire des années 1880.